Après 8 semaines passées, le stage de M1 de Célia s’achève déjà ! En plus d’avoir participé aux différents aspects des missions confiées à notre bureau d’étude, que ce soit sur le terrain ou au bureau (inventaires naturalistes, préparation des protocoles de terrain, rédaction de
compte-rendu, réalisation de synthèse bibliographique), Célia a réalisé une jolie étude complémentaire sur les populations de Chiroptères localisées à proximité de notre siège social.
Contexte de l’étude
Cette semaine se clôture mon stage de 2 mois au sein de Foxaly. Celui-ci avait pour objet l’inventaire des Chiroptères par écoute active des ultrasons sur le territoire de Brest métropole. Ayant pu, à cette occasion, me familiariser avec les espèces dites « anthropophiles » – c’est-à-dire cohabitant avec l’Homme – comme la Pipistrelle commune ou encore la Sérotine commune, nous avons initié cette étude en interne au niveau du lieu-dit du Pouléno, à Baden – un milieu bien moins urbanisé – essentiellement pour que je puisse analyser une plus grande diversité de signaux.

Le site d'étude
Au bord du Golfe du Morbihan, au sein de la commune de Baden, se trouve le lieu-dit « le Pouléno ». Cet espace naturel encore bien préservé est constitué de bocages, des prairies pâturées par des chevaux, de petites forêts, d’un terrain de golf et d’un léger tissu urbain, et borde la rivière d’Auray.

Méthodologie de l’étude
Comme expliqué dans notre précédent article sur le sujet, il existe plusieurs manières d’étudier les chauves-souris. Pour l’étude menée à Pouléno, c’est la méthode par écoute active qui a été choisie : l’opérateur (en l’occurrence ici, Camille) se place le long d’un élément structurant (alignement d’arbres, route, etc.) et parcourt un transect en enregistrant les ultrasons grâce à un détecteur (l’Echo Meter Touch Pro). Chaque enregistrement est automatiquement géoréférencé et, la plupart du temps, identifié informatiquement par l’application liée au détecteur (l’Echo Meter Touch Bat Detector). Les enregistrements sont idéalement faits en soirée (à partir du coucher du soleil), entre avril et octobre car cela correspond à leur période d’activité et aux conditions optimales d’observation (temps sec et peu voire non venteux). C’est alors à mon tour d’intervenir : A posteriori, les enregistrements ainsi que toutes les identifications automatiques sont vérifiés manuellement à l’aide du logiciel d’analyse acoustique Kaleidoscope et de clés d’identification : chaque genre (voire espèce) a un signal spécifique par sa forme ou sa fréquence. Notons qu’il existe un certain biais d’analyse lorsqu’il s’agit d’identifier les signaux émis par les Chiroptères, que ce soit lors de l’identification automatique ou lors de l’identification manuelle : il est parfois impossible d’identifier avec exactitude certains enregistrements pour cause d’artefacts ou de recouvrements de fréquences d’émission.

Comment peut-on identifier les signaux des chauves-souris ?
Globalement, quatre types de sonar peuvent être distingués :
• Le type FM ou FM abrupte (Fréquence Modulée abrupte) qui donne une information détaillée mais avec une portée limitée. Ce type de sonar est typiquement utilisé par les Oreillards et les chauves-souris du genre Myotis en milieu fermé ;
• Le type FM aplanie : donne une information moins détaillée mais avec une portée plus longue. Ce type de sonar est typiquement utilisé par les Pipistrelles ou les Sérotines en milieu semi-ouvert ;
• Le type QFC (Quasi Fréquence Constante) : utilisé par les chauves-souris types Noctules, en milieu ouvert, pour repérer les objets situés à une grande distance ;
• Le sonar à Fréquence Constante (FC) : utilisé par les Rhinolophes.

En plus de la forme du signal, la fréquence d’émission nous permet également d’identifier les individus à l’origine des ultrasons.

Quels Chiroptères peut-on observer au Pouléno ?
Sur les transects réalisés, quatre espèces de Chiroptères ont été détectées :
• La Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) ;
• La Sérotine commune (Eptesicus serotinus) ;
• La Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii) ;
• La Barbastelle d’Europe (Barbastella barbastellus)..



Les résultats obtenus lors de ce passage ont été cartographiés ci-dessous :

Cependant...
Comme évoqué un petit peu plus tôt, certaines chauves-souris (comme les Rhinolophes par exemple) utilisent des sonars à faible portée. Ainsi, si nous n’avons détecté « que » quatre espèces ce soir-là, cela n’exclut pas la présence d’autres espèces. Notons également que la Pipistrelle de Kuhl a été identifiée comme telle du fait de sa répartition en France Métropolitaine. De par le recouvrement des fréquences d’émissions disponibles dans les clés d’identification, nous aurions également pu conclure à la présence de Pipistrelle de Nathusius. En effet, la Pipistrelle de Kuhl a une fréquence du maximum d’énergie (FME, partie la plus plate du signal) entre 35 et 41 kHz et la Pipistrelle de Nathusius, entre 38,5 et 43 kHz. Pour compléter cette étude, une recherche de gîtes pourrait être effectuée. De plus, d’autres passages seraient nécessaire, notamment à d’autres périodes de l’année (en plein été ou lors de la migration printanière par exemple).
C’est une fin de stage pour moi, merci Camille !
Mais si cette étude doit se poursuivre, ce sera sans moi : c’est officiellement la fin de mon expérience à Foxaly. Je suis très contente d’avoir pu participer à ce stage où j’ai appris énormément de choses, sur le terrain comme « au bureau ». Même si les conditions sanitaires actuelles ont fait du télétravail mon lot quasi quotidien, je n’ai pas manqué un seul instant d’aide ou d’encadrement. Je suis ravie d’avoir confirmé mes compétences mais surtout d’en avoir acquises de nouvelles : quel monde fascinant que celui des chauves-souris ! En plus des analyses acoustiques, j’ai pu apprendre des méthodologies de réflexion et de rédaction propres aux synthèses bibliographiques faunistiques et floristiques ou encore aux divers comptes-rendus (pré-diagnostic, compte-rendu de terrain, etc.). Je suis très reconnaissante d’avoir pu participer à ces quelques sessions de terrain, d’avoir pratiqué différents protocoles et d’avoir acquis de nouvelles connaissances naturalistes. Enfin, je finirai par ce qui est peut-être le plus important : merci Camille, merci d’avoir fait de ce stage ce qu’il a été, merci finalement d’avoir été une aussi bonne tutrice
Rédaction : Célia Remtoula, juin 2021.