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Inventorier les insectes

Inventorier les insectes

Au cours de son stage de 6 semaines chez Foxaly, Léo, étudiant en Licence Biologie des Populations et des Organismes à Angers a pu participer aux différentes campagnes d’inventaires naturalistes menées par Foxaly.

Dans cet article, il vous explique comment se déroulent les inventaires d’un groupe d’espèce bien particulier : l’entomofaune. Bonne lecture !

Au cours des activités de Foxaly cet été, nous avons pu croiser et identifier un grand nombre d’insectes. Des volants, des sauteurs, des tous petits ou encore des tous beaux ; les insectes prennent des formes très étranges et peuvent être intriguant, comme nous avons souvent peu de connaissance à leurs sujet au quotidien. Pourtant, leur présence peut en dire beaucoup sur l’habitat où ils se trouvent : leur recensement fait ainsi partie des missions de Foxaly dans le cadre des ses études.

En effet, les insectes sont très nombreux et présentent la plus grande richesse faunistique sur Terre, avec plus d’un million d’espèces différentes décrites et au moins plus de 4,5 millions d’espèces non décrites1 : c’est énorme !

On retrouve les insectes dans quasiment tous les habitats possible ! En passant de notre maison, au fond des mares et des rivières, ou encore dans les airs, les insectes dominent tous les milieux.

Nous allons essayer de percer l’utilité écologique de toutes ces petites bêtes qui vivent avec nous au quotidien.

Un maillon essentiel pour les écosystèmes

Ils sont souvent mal aimés, craint, fui ou même chassés. Pourtant les insectes ont une utilité considérable dans l’équilibre des écosystèmes et apportent de nombreux services à l’Homme.

Vous les connaissez déjà mais beaucoup d’insectes sont de grands pollinisateurs. Les papillons, les abeilles, certains coléoptères et même des mouches vont sur des fleurs pour se nourrir et vont transporter malgré eux du pollen, permettant aux plantes à fleurs de se reproduire. Ils permettent ainsi de produire une grande parti de la nourriture utilisé par les Hommes.

Une mouche pollinisatrice : le Syrphe. Photo : C.Pilisi

Les mouches sont aussi là pour décomposer et nettoyer les cadavres, un travail moins brillant mais qui est nécessaire. Pareil pour les bousiers qui vont s’occuper des plantes en décomposition.

D’autres insectes vont pouvoir limiter l’invasion de parasite dans les cultures ou de champignons en les prédatant comme les coccinelles ou les carabes qui font partie de la famille des coléoptères.1

Enfin, les insectes sont un maillon clé de la chaîne alimentaire et constituent une sources de nourriture pour un grand nombre d’espèces : oiseaux, chauve-souris, reptiles, amphibiens, petits mammifères…

Les insectes menacés

Malgré leur utilité, les insectes sont malheureusement en danger : une des causes majeures de leur disparition étant l’utilisation des pesticides, souvent non sélectifs, ils entrainent la mort de communautés entières d’insectes (en empoisonnant également la faune qui les consomme). Autre source de menace : la disparition des habitats par l’intensification de l’agriculture, l’homogénéisation des paysages et la disparition de certain habitats clé comme les zones humides ou les forêts réduit la diversité dans les paysages (murs, landes, prairies, rivières etc..). L’urbanisation apporte aussi les mêmes contraintes en supprimant de plus en plus d’espaces verts avec en plus une forte densité de pollution et des relâchements de métaux lourds par les industries.

Des listes rouges sont mises en place au niveau européen, national et même régional pour évaluer les différents degrés de menace qui pèsent sur les insectes. Ces listes sont particulièrement bien développées pour le groupe des papillons et celui les libellules et les demoiselles. D’autres listes rouges sont en cours : pour les orthoptères (criquets, sauterelles, grillons), pour les coléoptères mangeurs de bois…

De nombreuses menaces pèsent donc sur un des piliers des écosystèmes et c’est pour cela qu’il est important de mieux connaître les populations d’insectes au niveau local pour, notamment, apprécier les enjeux écologique d’un habitat naturel et agir favorablement pour l’ensemble de l’écosystème.

C’est dans ce but que Foxaly réalise des inventaires de l’entomofaune dans ses études.

Ephémère. Photo : C.Pilisi

Comment inventorier les insectes ?

Pour d’inventorier les insectes sur un habitat ou une zone d’étude, il faut pouvoir les identifier : cela nécessite souvent de les observer en détail et donc de les capturer.

Pour la petite faune qui se balade dans l’herbe, comme les orthoptères par exemple, on peut utiliser un filet fauchoir. Comme son nom l’indique le principe de cette méthode est de faucher la végétation, les herbes, les feuilles pour capturer ls insectes qui évoluent dans ce milieu.

Léo fauche la végétation à la recherche d’orthoptères

Après avoir fait un fauchage sur une zone, on déroule le filet petit à petit pour identifier les individus capturés ! Lors de nos inventaires cet été, nous avons pu observer de superbes criquets et de belles sauterelles ! On peut aussi attraper de petite araignées inoffensive, des coccinelles, des coléoptères, des abeilles et des bourdons qui s’envolent vite.

Dans la végétation haute, le filet se rempli vite de petites bêtes. Photo : C.Pilisi

Après l’identification, les insectes sont évidemment rapidement relâchés. Cette technique permet de dresser un bon inventaire de la faune qui se trouve au sol. Nous allons vous montrez quelques petites trouvailles :

D’ailleurs vous avez peut-être remarquer qu’au-dessus il s’agit d’une sauterelle et d’un criquet ! Pour les différencier rien de plus simple : si les antennes sont très grandes alors c’est une sauterelle sinon c’est un criquet. A vous d’apprendre ce petit tips à vos ami(e)s !

Une autre technique : le filet à papillon. Celui là permet (encore une fois, comme son nom l’indique) de capturer les insectes volants dont les papillons, mais aussi les odonates (libellules et demoiselle). Le principe est aussi simple : armé du filet, il s’agit de repérer un individu et de courir derrière pour l’attraper ! Bien heureusement cette technique ne s’effectue que pour identifier précisément une espèce en cas de doute, elle est ensuite rapidement relâchée. Lorsqu’il est facilement identifiable, on peut le reconnaître juste en le voyant grâce à ces couleurs flamboyantes et il n’est alors pas forcément utile de le capturer.

Afin de bien les attraper, le maniement du filet à papillon est délicat et il faut être rapide et agile, tout en évitant de blesser ou laisser s’échapper l’animal. Une fois l’insecte capturé, il est mis dans une petite boite transparente pour l’observer tout en évitant de le blesser en le manipulant à la main.

Vous pouvez admirer les sublimes couleurs et détails dont les papillons arborent leurs ailes et qui ne sont pas si rare ! Et si vous n’avez pas de filet, vous pouvez vous approcher discrètement d’une fleur, les papillons s’y posent très souvent.

Avec un filet à papillon ou avec de la patience on peut aussi observer des demoiselles et des libellules ! Ces reines des airs sont très sensibles à leurs environnements car elles vivent une phase de leurs vies dans l’eau et l’autre dans les airs. Elles vont donc être sensible à la qualité de l’eau et à la qualité de leurs environnements. Elles seront donc particulièrement rattachées à la flore qui occupe les eaux où elles vivent. Si vous cherchez sur les plantes qui ont les pieds dans l’eau, vous pourrez trouver des exuvies, un stade larvaire avancé qui donne naissance aux odonates (famille des libellules et des demoiselles). C’est un bon moyen de connaître les populations qui se reproduisent sur le site et ainsi connaître les populations vivant dans le milieu. Étant très sensible, se sont d’excellent bioindicateur une chance de pouvoir les observer ! Lors de nos sorties en été nous avons pu croiser plusieurs espèces :

Mais les inventaires, c’est aussi un travail d’enquête : certain indices sont très informatifs si on ouvre bien l’œil :

Ces études nous permettent de croiser de nombreuses espèces et nous offrent parfois de belles surprises : c’est un festival de couleurs et de formes ! Plus important, elles permettent d’enrichir les évaluations d’enjeux écologiques sur les sites d’étude en apportant des informations clés sur l’état global de l’écosystème.

Bibliographie

Eggleton P., Annual Review of Environnement and Resources, 2020, “The State of the World’s Insects”, 45:61–82, doi/10.1146/annurev-environ-012420-050035

Rédaction : Léo Septier (Juillet 2021)

Photos : Léo Septier & Camille Pilisi

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