6 Conseils pour favoriser la biodiversité en ville

Biodiversité

La nature urbaine est menacée par les installations et les activités intenses de l’Homme dans ces nouveaux écosystèmes: perte d’habitat, pollution, manque de nourriture.. Quelle est la place de la biodiversité en ville? Pourquoi et comment la restaurer et la maintenir ?

La place de la nature en ville

Les villes sont des milieux fortement modifiés. Les écosystèmes y sont dégradés par les activités humaines : fragmentation et destruction des habitats naturels, remplacés par des infrastructures de béton, fréquentation importante amenant à des dérangements... La pollution y est importante et omniprésente : sols, air, eau…et l’activité humaine y est intense causant pollutions lumineuse, sonore et trafic routier important.
Malgré tout, une grande diversité d’espèces animales, végétales et de micro-organismes est présente dans les villes. Par exemple, Paris accueille 32 espèces de mammifères, 761 espèces de plantes à fleurs, 166 espèces d’oiseaux, 36 espèces de poissons et environ 1000 espèces d’invertébrés. Certaines espèces opportunistes y trouvent de quoi se nourrir ou exploitent ces habitats ; chauves-souris, Chouettes effraies, Faucons crécerelles, fouines, hirondelles et martinet trouvent par exemple refuge sur ou dans les bâtiments. D’autres espèces, menacées par l’intensification de l’agriculture et la simplification de leur habitat en milieu rural trouvent refuge en ville comme le Grand Hamster d'Europe dans l'est de la France ou le Serin cini.

Les conditions ne sont toutefois pas faciles pour certaines espèces pour lesquelles ces environnements sont source de stress, de propagation de virus, et de nombreux autres dangers et perturbations.
En France, on observe également un manque flagrant de végétation en milieu urbain, avec 0,2 arbre en moyenne par habitants dans les villes françaises. Pourtant, cette végétation à un rôle crucial dans la régulation de la température, l’absorption de carbone ou la limitation des crues...et en tant que micro-habitat pour la faune.

Aujourd’hui, les villes sont à l’aube d’une nouvelle ère. En effet, la biodiversité en milieu urbain suscite un intérêt de plus en plus important pour les citadins et les pouvoirs publics, qui voient en la biodiversité urbaine de nombreux avantages ; qualité de vie, outil économique, social et éducatif, solution face au réchauffement climatique et aux îlots de chaleurs…
Il reste cependant du travail pour intégrer la biodiversité dans les politiques d’aménagement du territoire. Ce travail nécessite de prendre en compte, protéger et développer durablement la biodiversité en ville tout en prenant intégrant les aspects sociaux et économiques de la ville.
La nature en ville n’est donc pas uniquement question de biodiversité, elle concerne également la qualité de vie des citadins et les services apportés par la biodiversité contribuant à la pérennité de la vie urbaine. Cette biodiversité, menacée par la perte d’habitat en ville et les nombreuses perturbations liées aux activités humaines, peut pourtant être restaurée et préservée au quotidien.

Les bienfaits de la nature en ville

La biodiversité en ville participe grandement à la bonne qualité de l’air, de l’eau et à la régulation de la température. Ainsi, la prise en compte, la réintroduction et la protection de la nature en ville apparaissent comme une solution d’adaptation des villes aux impacts du changement climatique et au bien-être de ses habitants.

La nature est source de services écosystémiques dans de nombreux domaines : vital, social, économique… En effet, outre son charme, la nature est connue pour ses bénéfices sur la santé et le bien-être physique et mental. Une promenade dans un parc permet de faire une activité sportive, de réduire le stress, d’être source d’inspiration. Ces espaces verts sont également de très bons purificateurs d’air, permettant une meilleure respiration. Ils permettent également le lien social : lieux de rencontre, de calme, de récréation, les espaces naturels favorisent les interactions et peuvent être un moyen d’éducation et d’appropriation des lieux et contribuent à dynamiser les quartiers.
La biodiversité est un support et un fournisseur de biens et de services dont nous dépendons, notamment dans nos activités économiques (matières premières, ressources alimentaires, purification de l’eau…). En effet, la nature contribue à hauteur de 23 000 milliards d‘euros à l’économique mondiale chaque année.

Enfin, la biodiversité offre des services de régulation. Par exemple, la végétation permet de diminuer les îlots de chaleurs urbaines causées par le béton qui réchauffe à hauteur de 2 à 3°C la température des villes. Ce sont également des puits de carbones, des filtres acoustiques, des régulateurs de crue…
Tous ces bienfaits apportés (gratuitement) par la nature sont cruciaux. Il y a donc une réelle nécessité de créer des espaces naturels urbains fonctionnels et capables d’accueillir la biodiversité tout en conciliant les besoins des villes.

Comment intégrer la nature en ville?
Pour intégrer la nature en ville, il existe une multitude de solutions allant de l’éducation à l’environnement à l’intégration de la composante biodiversité dans les réflexions d’aménagement, en passant par une meilleure gestion des espaces naturels urbains. Dans cet article, nous vous donnons 6 conseil pour favoriser la biodiversité en ville.

1.     Aménager les espaces naturels urbains
Ce sont des zones riches en biodiversité, qui offrent un habitat aux mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et invertébrés, qu’il est nécessaire de préserver. Ces espaces sont aussi une opportunité pour sensibiliser les visiteurs, par le biais de panneaux informatifs sur la biodiversité spécifique abritée par l’espace vert par exemple. Des installations peuvent également être mises en place dans un but pédagogique pour favoriser l’installation de la biodiversité : hôtels à insecte, nichoir, abris à hérisson, plantes aromatiques pour attirer les pollinisateurs, points d’eau constituant des écosystèmes à part entière et utile pour toute la faune…

2.     Mieux gérer les espaces naturels urbains
L’entretien des espaces verts doit se faire en fonction de l’intérêt écologique du site. Certains endroits tolèrent un entretien minimal tandis que d’autres nécessiteront plus de rigueur, d’avantage de tonte. Par exemple, un parc et le parvis d’une mairie n’ont pas les mêmes fonctions, n’abritent pas le même degré de biodiversité et par conséquent nécessitent une gestion différente.  Ainsi, pour favoriser l’accueil de la biodiversité, définir les zones utiles à la nature et sensibiliser et définir leurs plans d’action et d’entretiens avec les gestionnaires et techniciens des espaces verts sont nécessaires. La mise en place d'un plan de gestion différencié est souvent une solution facile à mettre en oeuvre par les services municipaux, qui peut même permettre un gain organisationnel. Il faudra toutefois veiller à bien communiquer sur les actions, qui peuvent encore être perçues par les usagers comme un "manque d'entretien".
Permettre l’installation de la végétation spontanée le long des trottoirs permet de mettre en place des micro écosystèmes : une plante sera pollinisée par un insecte dont un oiseau se nourrira… Il s’agit également de mettre en place des actions simples, à l’échelle territoriale ; ne pas utiliser de pesticides,  planter des essences locales, créer des habitats pour la faune…

3.     Végétaliser la ville
En ville, la chaleur est retenue par les matériaux des bâtiments et le bitume : cela provoque une hausse de 2 à 3°C par rapport aux zones rurales alentour : on parle d’îlot de chaleur urbain. Les zones les plus touchées par cette augmentation de la température sont celles où la densité de végétation est faible. Végétaliser les rues et la ville, c’est montrer qu’il est possible d’agit en faveur du climat en réduisant la température en ville grâce à la végétation. Cela permet également de créer des puits de carbone et d’améliorer la qualité de l’air tout en offrant des habitats à la faune.
Les voies piétonnes et cyclistes peuvent également être plantées d’espèces végétales locales qui fourniront de quoi se nourrir aux insectes pollinisateurs et oiseaux. Les essences locales permettent de produire la nourriture dont la faune locale se nourrit et elles sont capables de s’adapter facilement au climat du territoire.

4.     Favoriser l’installation des pollinisateurs
Responsables de la reproduction de 70% des plantes cultivées et 90% des plantes à fleurs, les insectes pollinisateurs sont un élément essentiel pour la production de fruits et de légumes. Leur disparition  est donc un enjeu sérieux au niveau économique et même vital pour l’Homme.
Les prairies fleuries, avec des espèces locales, permettent de mettre en place des habitats favorables aux pollinisateurs tout en étant esthétiques. La présence des pollinisateurs sera favorable à la présence de la faune et de la flore, au sein desquels ils jouent un rôle clé, mais seront également bénéfiques à l’économie locale.

5.     Intégrer la biodiversité dans les décisions d’aménagement
Le choix des matériaux de conception, des méthodes de construction et des emplacements d’aménagement doivent intégrer la composante biodiversité afin d’éviter, réduire ou compenser leur impact sur la biodiversité. Par exemple, utiliser des méthodes plus perméables que le bitume pour le sol (cailloux, dalles alvéolaires) permet de drainer plus efficacement les sols, évitant ainsi les inondations.
Il est également nécessaire de repenser l’éclairage. La lumière artificielle peut fortement nuire à certaines espèces. Chez certains insectes, la lumière est attractive et à force de tourner autour des points de lumières, ces derniers meurent d’épuisement. La présence de lumière peut donc perturber toute une chaine alimentaire. Au contraire, la lumière peut également être répulsive pour les chiroptères, qui ne chassent que dans l’obscurité. Ses effets sont également négatifs pour l’Homme, en perturbant les cycles de sommeil et les cycles hormonaux. Finalement, les étapes du cycle de vie des infrastructures d’éclairage induisent des modifications du sol, le rejet de gaz à effet de serre et de polluants qui contribuent à dégrader le climat et les écosystèmes.

L'ajout de closes environnementales dans les cahiers des charges des projets d'aménagements urbains peut permettre aux porteurs de projet d'apporter des solutions innovantes pour une cohabitation entre la faune, la flore et l'humain. L'intégration de ces structures en phase projet est par ailleurs généralement moins couteuse qu'une action a posteriori.

6.     S’impliquer
Mobiliser et sensibiliser les citoyens, collectivités et entreprises en les rendant acteurs du développement durable est un bon moyen d’intégrer la biodiversité durablement à la ville. Chaque ville à des enjeux environnementaux spécifiques et des plans d’actions distinctifs à mettre en place et la biodiversité est un vecteur de pédagogie en faveur de l’évolution des pratiques quotidiennes de chaque acteur.
Il existe une multitude de moyens d’impliquer et sensibiliser les citoyens ; sciences participatives, atelier de construction d’abris, jardins partagés, mise en place d’une communication, d’évènements…ces actions doivent permettre de favoriser la biodiversité tout en étant éducatives et en contribuant à améliorer les conditions de vie des habitants et les connaissances sur le patrimoine naturel local.

Être accompagné dans ses démarches

La biodiversité urbaine assure nombre de services écosystémiques indispensables au bien-être et à la qualité de vie des populations humaines des villes. C’est pourquoi les politiques publiques et les citoyens s’intéressent de plus en plus à la préservation des écosystèmes naturels en milieu urbain. En effet, la biodiversité urbaine est appréciée par les citadins et influence le choix du lieu de résidence. Elle présente également un intérêt pédagogique fort, notamment pour les générations futures.
Prendre en compte et intégrer la biodiversité est un travail important qui nécessite de réaliser un diagnostic préalable de la biodiversité afin d’établir une stratégie et un plan d’action pour la biodiversité adaptés au territoire. Un travail est également nécessaire pour impliquer et sensibiliser toutes les parties prenantes dans le processus avec une communication adaptée.

Les principaux objectifs des projets de renaturalisation des villes sont :

  • De valoriser et restaurer les services écosystémiques nécessaires à la qualité de vie en amenant la biodiversité au cœur de la ville.
  • D’intégrer la biodiversité à la ville et à l’activité économique en proposant des techniques d’aménagement cohérentes avec cet objectif et une gestion adaptée des espaces naturels.
  • D’éduquer et impliquer le plus grand nombre aux bonnes pratiques écologiques dans une optique de développement durable.

Foxaly accompagne les collectivités dans leurs projets de renaturalisation des villes. Nous intervenons pour établir un diagnostic de biodiversité et définir un cadre d’intervention en valorisant les habitats naturels et impliquant les citoyens, associations, entreprises et gestionnaires du territoire tout en fournissant des conseils en matière de gestion et d’aménagement durable des zones urbaines.

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