Dans le cadre des études assurées par Foxaly, un suivi d’une espèce rare et menacée ; le Cranson des estuaires, a été réalisé par notre équipe. Cette espèce présente à Quimper fait l’objet d’un suivi afin de permettre la conservation de cette rare Brassicacée.
Le Cranson des estuaires
Le Cranson des estuaires (Cochlearia aestuaria) est une plante bisannuelle de la famille des Brassicacées, qui se développe sur les prés salés et les vases, que l’on retrouve seulement en Bretagne et dans le Pays basque. Doté de quatre pétales blancs en croix, le Cranson des estuaires fleurit d’avril à mai, période à laquelle il est le plus aisé de l’identifier afin de ne pas le confondre avec ses proches voisins.
Suivi du Cranson des estuaires sur les rives de l’Odet
Présente sur les rives de l’Odet à Quimper, le long de la digue du chemin de halage, l’espèce a fait l’objet de 2003 à 2008 d’une opération de réimplantation afin de renforcer la population, ainsi que de la création d’un arrêté de protection de biotope afin de protéger son lieu de vie. Un suivi est assuré depuis 2008 pour suivre la dynamique de la population, au regard de la gestion appliquée sur le site.
Fiche d’identité de l’espèce
Noms vernaculaires : Cranson des estuaires, Cochléaire des estuaires
Nom latin : Cochlearia aestuaria
Statuts : Protégée au niveau national. Considérée vulnérable en Bretagne (Quéré et al., 2015) et quasi-menacée au niveau national.
Description : plante bisannuelle de moins de 60 cm, aux fleurs blanches dotées de quatre pétales en croix, atténués à leur sommet, et à rapport longueur / largeur de plus de 1,5. Feuilles longuement pétiolées, ovales, et tronquées ou en coin à la base. Fruits (silicules) plutôt arrondis et comprimés, de 3 à 7 mm.
Habitats : prés salés et vases, mais également sur talus et murs. Présent en Bretagne (Quimper, secteur de Guidel, Kervignac…) et dans le Pays Basque.
Cranson des estuaires en fleurs. O. Le Rallic-Maho – Foxaly.
En quoi consiste le suivi ?
Le suivi consiste à recenser les plants de Cranson des estuaires répartis le long du chemin de halage, et à évaluer l’état des populations en rapport avec la gestion actuelle (développement de la végétation, présence d’espèces pouvant entrer en concurrence, type d’ouvrage…).
Résultats du suivi du Cranson des estuaires
Des résultats globalement encourageants
Ce sont 2 900 pieds de Cranson des estuaires qui ont pu être dénombrés en 2023, comportant de nombreux pieds fleuris. La population semble donc en hausse globale de ses effectifs, le suivi de 2008 ayant fait état de 2 705 pieds, pour une population initiale estimée à 2 256 pieds en 2003, avant l’opération de réimplantation. Une évolution de la répartition spatiale du Cranson des estuaires a toutefois été mise en avant, la population se concentrant désormais un peu plus en aval de l’Odet. La présence de son proche cousin le Cranson d’Angleterre (Cochlearia anglica) ne semble pas lui poser préjudice, ce dernier étant concentré à une extrémité du chemin de halage et cohabitant avec l’espèce protégée.
Intérêt des résultats
Le comptage a permis de montrer que la population se porte bien globalement et de s’assurer qu’elle n’est pas en danger immédiat. L’intérêt de ces résultats est également de pouvoir évaluer la gestion actuelle et d’orienter les méthodes de gestion pour les prochaines années.
Défis de l’étude et perspectives
Les défis de l’étude
L’enjeu d’un tel suivi est de rester régulier dans le temps et s’assurer que les conditions soient favorables au moment du comptage. En effet, celui-ci doit être réalisé au moment de la floraison du Cranson des estuaires, période à laquelle il est le plus aisé à distinguer du Cranson d’Angleterre, soit entre avril et mai. L’espèce se développant sur des zones de marnage, les opérateur.ice.s de terrain se doivent d’intervenir à marée basse, lors de forts coefficients de marée, afin d’être certain.e.s d’accéder à tous les secteurs de la berge.
Des préconisations adaptées
Des préconisations ont pu être formulées auprès des services techniques du Sivalodet afin de réadapter la gestion du site, par exemple en réduisant la végétation concurrente et en adaptant la période des fauches, ceci dans l’objectif de laisser plus d’espace au développement du Cranson.
Conclusion
Un suivi à poursuivre et une population d’espèce rare à valoriser
Un suivi régulier est indispensable afin de continuer à observer la dynamique de l’espèce et l’efficacité des modes d’intervention préconisés. Auquel cas, ces derniers pourront par la suite être réadaptés.
Enfin, la mobilisation des services techniques est nécessaire pour la réussite du suivi, ainsi que la sensibilisation des usagers et de la mairie sur la présence de cette espèce rare sur les rives de l’Odet, bel élément à valoriser localement et plus largement pour la région.
Références
Une étude menée pour : la Ville de Quimper et le Sivalodet
Rédaction : Oona Le Rallic-Maho
Illustrations : O. Le Rallic-Maho, A. d'Augustin, C. Pilisi