Les espèces végétales exotiques envahissantes sont des espèces végétales qui ont colonisé un environnement dans un secteur distinct de leur aire de répartition normale. Ces espèces invasives menacent fortement les écosystèmes et la biodiversité locale par leur présence ou leur comportement envahissant, qui induisent des changements profonds de composition, de structure et de fonctionnement des écosystèmes. Quelles sont les solutions de lutte et de gestion de ces espèces invasives?
Considérées comme la deuxième cause de l’érosion de la biodiversité dans le monde, les espèces invasives prolifèrent rapidement dans un environnement où elles se sont établies, notamment en raison de l’absence de leur prédateurs et parasites naturels qui contrôlent normalement la croissance démographique de l’espèce. Cet avantage rend les espèces exotiques plus compétitives que les espèces indigènes, naturellement présentes dans l’écosystème. Les conséquences de ces invasions peuvent aller d’un déséquilibre de l’écosystème jusqu’à la disparition de certaines espèces ou la modification complète d’un habitat.
Les introductions d’espèces exotiques envahissantes sont d’origine humaine et peuvent être accidentelles ou intentionnelles : de nombreuses espèces végétales exotiques ont par exemple été introduites pour le pâturage, la stabilisation du sol ou pour leur valeur d’ornement. Toutes les espèces introduites ne deviennent pas invasives. En effet, pour coloniser un habitat, il y a différents filtres à franchir au préalable ; l’espèce doit d’abord être introduite dans un milieu, puis être capable de s’acclimater, c’est à dire survivre aux conditions climatiques et biotique de son nouvel environnement. Une fois acclimatée, elle doit être capable de s’y reproduire, on parle alors d’espèce naturalisée. La dernière étape d’invasion est l’expansion ; l’espèce doit s’étendre sur le territoire rapidement. Ainsi, seule une espèce sur mille est capable de franchir ces quatre barrières pour devenir envahissante.
L’installation et la prolifération des espèces végétales exotiques envahissantes peut entraîner de profonds changements sur les écosystèmes. Par exemple, la Jussie à grande fleurs est capable de coloniser très rapidement les plans d’eau, coupant ainsi de la lumière nécessaires au développement de la production primaire aquatique (algues) des zones aquatiques, et impactant tout le reste de la chaîne alimentaire d’un écosystème.
Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour lutter contre les espèces invasives pour conserver l’intégrité et l’équilibre des écosystèmes. En France, il est interdit de vendre, d’acheter et d’introduire dans un milieu naturel certaines espèces au potentiel invasif et la loi prévoit des mesures de prélèvement ou de destruction des espèces invasives dès que leur présence est avérée dans un milieu naturel.
Différentes stratégies peuvent être adoptées dans le cadre du prélèvement ou de la destruction des espèces invasives. La détection précoce permet de répondre rapidement et d’empêcher une amplification au début d’une invasion. Lorsqu’une invasion est déjà trop importante, l’élimination ou la gestion sur le long terme est nécessaire.
Les méthodes de contrôle possibles sont nombreuses. Il est possible de récolter les végétaux envahissants manuellement ou mécaniquement, par arrachage ou fauchage, par exemple. Cette technique est souvent utilisée pour les espèces terrestres et aquatiques, mais peut être très fastidieuse et chronophage. Ainsi, dans la Morbihan, de nombreux chantiers bénévoles d’arrachage du Baccharis sont régulièrement organisés. Autre exemple, dans les calanques de Marseille, où un plan sur 10 ans a été prévu pour éliminer plusieurs espèces invasives installées sur le site et réinstaller la flore locale. Dans certain cas, une lutte chimique peut également être mise en place par utilisation de produits phytosanitaires mais cette méthode est risquée car elle a de grandes chances de provoquer une contamination de l’environnement et des êtres vivants, et empirer la situation des espèces déjà mises en dangers par les espèces végétales envahissantes. De plus, ces deux méthodes sont temporaires et nécessitent une gestion continue de la population envahissante : les végétaux se développant de nouveau quelques temps plus tard via la présence de graines ou des propagules enfouies dans le sol.
Les luttes écologique et biologique sont plus efficaces sur le long terme. Le contrôle biologique consiste à introduire des prédateurs ou parasites spécifiques à l’espèce exotique envahissante pour réduire ou supprimer les dégâts de cette dernière. Le contrôle écologique est une approche plus globale d’aménagement du territoire, visant à réduire les perturbations des écosystèmes qui favorisent l’installation des espèces invasives.
Des interventions planifiées et cohérentes doivent donc être mise en place, de manière précoce si possible, afin de limiter au maximum l’établissement des espèces végétales exotiques envahissantes sur un milieu naturel. Une meilleure connaissance de la biologie de l’espèce envahissante permet également de lutter au mieux contre cette dernière. Enfin des contrôles de prévention réguliers de présence des espèces invasives constituent les meilleurs moyens de prévention d’invasions.
Les experts de Foxaly interviennent sur les problématiques de gestion des espèces exotiques envahissantes via l’inventaire, la cartographie et la préconisation de mesure de contrôle adaptés.
Rédaction : Camille Pilisi
Relectures : Oona Le Rallic-Maho
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Photos :
Massif de Renouée du Japon (Reynoutria japonica) dans le Morbihan - C.Pilisi
Berges de la Loire colonisée par la Jussie à grande fleurs - C.Pilisi