Végétalisation : pourquoi végétaliser, et comment bien végétaliser ?

Biodiversité

Végétaliser, c’est bien, bien végétaliser, c’est mieux !

La végétalisation s’impose de plus en plus comme une priorité pour les collectivités, étant un moyen d’adaptation des territoires au changement climatique à l’érosion de la biodiversité. Intégrer la végétalisation dans un projet d’aménagement nécessite toutefois de suivre les préconisations des spécialistes, pour s’assurer de faire des choix pertinents et impactant.

 

1- Pourquoi végétaliser est important ?
 

Les milieux urbains face aux défis climatiques et écologiques

Loin de l’image de villes tranchant avec l’idée de nature, le développement de l’écologie urbaine comme discipline scientifique nous montre en quoi les milieux urbains interagissent avec les êtres vivants et leur environnement, à une échelle très pratique pour les populations humaines. En effet, les changements et perturbations opérées sur écosystèmes urbains impactent également directement une grande partie de la population, au sein de ces écosystèmes.

Les milieux urbains font face à de nombreux défis : changement climatique entraînant îlots de chaleur, pollution de l’air, pollution de l’eau, gestion des eaux pluviales, maîtrise de l’artificialisation, accessibilité aux espaces verts et espaces de nature, cadre de vie et bien-être…

La végétalisation, un levier de réponse face à ces défis

La végétalisation s’avère être un levier pour répondre à ces défis. La végétalisation consiste à planter et semer sur tous types de terrains voire de surfaces, ou à accompagner le processus naturel de végétalisation, on parlera alors plutôt de végétalisation spontanée.  Il peut s’agir de végétaliser des milieux urbains, mais aussi de restaurer des berges, des espaces ayant subi des incendies ou d’autres phénomènes naturels (glissement de terrain, inondations…).

La végétation en zone urbaine a plusieurs avantages liés à ses fonctions, dont des chiffres clés ont été mis en évidence par une étude de l’Unep en 2024 :

-          Régulation thermique : évite l’effet « îlot de chaleur », en particulier lors des canicules, en réduisant la température d’en moyenne -1,4°C (Unep

-          Amélioration de la qualité de l’air : en stockant le CO2 atmosphérique (14 kg de CO2 par arbre et par an en moyenne), mais aussi l’ozone, le dioxyde de soufre, les particules fines ;

-          Préservation de la biodiversité et contribution aux continuités écologiques (trame verte) : en offrant un habitat et des zones de refuges à la faune et à la flore, la végétation permet aux organismes vivants de se déplacer, se nourrir et se reproduire ;

-          Facilitation de l’infiltration des eaux pluviales ;

-          Amélioration de la santé physique et mentale ainsi que des fonctions cognitives : réduction du stress, de l’asthme, du diabète de type 2, amélioration de la concentration… ;

-          Amélioration du cadre de vie et de l’esthétisme.

Aujourd’hui, la végétalisation se place comme une Solution Fondée sur la Nature (SFN), concept défini par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : celles-ci reposent sur les services offerts par les écosystèmes pour faire face aux enjeux socio-environnementaux, tout en préservant la biodiversité.

2 - Comment "bien" végétaliser ?

Pour qu’un projet de végétalisation réponde à ces fonctionnalités et ces objectifs, il est nécessaire de prendre en compte plusieurs éléments fondamentaux :

Le choix des essences

Le choix des essences est primordial ! Il est très fortement recommandé de se tourner vers des espèces végétales indigènes et de bannir les espèces végétales exotiques envahissantes. En effet, les espèces exotiques envahissantes représentent un danger pour la biodiversité locale en concurrençant les espèces indigènes, et peuvent avoir des impacts sur les écosystèmes ou encore sur la santé. Selon l’IPBES (2019) il s’agit de la 5ème cause majeure de déclin de la biodiversité.

Les espèces, animales comme végétales, coévoluent au sein d’une communauté indigène et développent alors des mécanismes d’interactions les unes avec les autres, par exemple certains pollinisateurs adaptés à une flore spécifique, ou des espèces développant des mécanismes de défenses envers d’autres espèces. La faune et la flore locale n’est donc pas toujours adaptée pour se défendre face à une nouvelle espèce exotique si jamais celle-ci devient envahissante.  

melitee du plantain adulte sur sa plante hote

Le choix d’essences indigènes permet donc d’éviter des risques de prolifération d’espèces exotiques envahissantes, mais favorise surtout les interactions avec la faune et la flore locale.

Les plantes indigènes sont par ailleurs plus résilientes. Ayant été sélectionnées sur le territoire biogéographique d’origine, elles ont de meilleures capacités d’adaptation aux changements des conditions biogéographiques locales.

La marque Végétal Local, propriété de l’Office Français de la Biodiversité, garantit que les semences et plants sont sauvages et indigènes et issus du milieu naturel de leur aire biogéographique. Elle est un gage de traçabilité des végétaux, et est fortement recommandée pour les professionnels et les particuliers souhaitant faire le choix des essences locales.

choisir des plantes indigenes

Le choix de la complexité

Plus un environnement est complexe, plus il accueille une diversité d’espèces. Il est conseillé lors d’un projet de végétalisation de complexifier les espaces végétalisés en diversifiant les espèces plantées afin d’améliorer l’intérêt écologique de ces espaces. Il s’agira de :

  •  Diversifier les formes : herbacées, arbustifs bas, arbustifs haut, arbres de ports variés, haie multi-strate…
  •  Diversifier les essences : si on choisit de planter un alignement, préférer mixer les essences plutôt que de planter un alignement ou une haie monospécifique, plus propice à la propagation de pathogènes.
  •  Diversifier les méthodes de gestion : mettre en œuvre une gestion différenciée des espaces, faucher tardivement et de façon non simultanée…

Planter ou ne pas planter

Bien que planter et semer permettent d’aboutir rapidement au résultat final, il est possible de laisser la végétation se développer spontanément sur l’espace à végétaliser. Ceci prendra alors plus de temps, mais les risques d’échecs seront plus faibles : les plantes parvenant à coloniser l’espace seront celles qui sont les plus adaptées aux conditions locales. Dans ce cas, une attention particulière devra être portée au développement d’espèces végétales exotiques envahissantes, qui peuvent profiter d’espaces dénudés (espaces défrichés, sols perturbés…) pour proliférer.

Se faire accompagner par des spécialistes
Afin de s’assurer de la pertinence de votre projet de végétalisation, il est conseillé de le valider auprès de spécialistes tels que des écologues ou naturalistes. Les spécialistes peuvent également vous aider à définir votre projet et vous fournir des ressources et des contacts pour sélectionner des plantes indigènes. Enfin, un suivi des plantations ou de la végétalisation spontanée peut être assuré par les spécialistes afin d’évaluer le succès de la végétalisation et proposer de nouvelles solutions en cas de résultats insatisfaisants.

Les bureaux d’études, associations naturalistes, pépiniéristes de réseau partenaire de la marque Végétal Local sont autant de personnes ressources vers qui vous tourner pour être conseillé.

3 - Passer à l’action

D’autres actions sont possibles et conseillées pour faciliter la mise en œuvre de la végétalisation.

Inciter à la végétalisation

Pour les collectivités, il est important de se saisir de ce sujet et d’encourager les acteurs du territoire à se tourner vers une végétalisation consciente de ces enjeux. Pour aller plus loin, il est alors possible de pousser à la végétalisation via le Plan Local d’Urbanisme /-intercommunal -PLU-i) ou à indiquer vos exigences en termes de végétalisation au sein des cahiers des charges des promoteurs ou paysagistes.

Sensibiliser les usagers

Expliquer la démarche aux usagers est important afin que ceux-ci comprennent les objectifs et l’intérêt de la végétalisation. Il pourra s’agir de leur expliquer le choix de telle ou telle essence, la préférence pour des semis attractifs pour les pollinisateurs plutôt que des annuelles à seule valeur ornementale, la mise en place de gestion différenciée...

Le bureau d’études Foxaly peut vous conseiller dans vos choix de végétalisation et vous donner un avis sur le choix de vos essences. N’hésitez pas à nous contacter pour toute demande d’information.

 

Ressources

Découvrir Végétal Local : https://www.vegetal-local.fr/

  •  Connaître les végétaux à planter dans sa région :

Fondation pour la Nature et l’Homme, 2024. #JagisJePlante. Le Guide des plantes de votre région. https://www.fnh.org/wp-content/uploads/2024/11/JJP-guide-plantes-regions.pdf?utm_source=brevo&utm_campaign=Tlchargement%20Plantes%20par%20rgion&utm_medium=email

 

Asterès, 2024. L’impact des espaces verts urbains en France : une création de valeur via les bienfaits sanitaires et environnementaux. Unep – les entreprises du paysage. 68p. https://documents.lesentreprisesdupaysage.fr/pub/documents/asteres-unep-limpact-des-espaces-verts-en-france.pdf

IPBES, 2019. Résumé à l’intention des décideurs du rapport sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques. IPBES secretariat, Bonn, Germany. 56 p. https://files.ipbes.net/ipbes-web-prod-public-files/2020-02/ipbes_global_assessment_report_summary_for_policymakers_fr.pdf

UICN France,2018. Les Solutions fondées sur la Nature pour lutter contre les changements climatiques et réduire les risques naturels en France. Paris, France. https://uicn.fr/wp-content/uploads/2018/06/brochure-sfn-mai2018-web-ok.pdf

 

Rédigé par Oona Le Rallic-Maho,

Mars 2025