Faune invasive : Défis et Solutions

Biodiversité

Les espèces exotiques introduites dans des milieux où elles ne sont pas originaires représentent un défi majeur aux niveaux économique, sanitaire et écologique. Connu comme le troisième facteur d'érosion de la biodiversité à l'échelle mondiale selon l'UICN, cet enjeu concerne non seulement la végétation (voir notre article à ce sujet), mais également la faune.

Les répercussions de la faune introduite sont variées. Elles vont de la prédation sur les espèces autochtones à la compétition pour les ressources, en passant par la destruction d'habitats et la propagation de pathogènes. Des exemples concrets illustrent ces problématiques :

  • Le Vison d’Europe (Mustela lutreola) est un petit mustelidé aujourd’hui classé en danger critique d’extinction. La compétition avec son cousin, le Vison d’Amérique (Neovison vison) est considérée comme l’une des causes principales de la fragilisation des populations de Vison d’Europe. En effet, les deux espèces occupent une niche écologique similaire rendant l’accès aux ressources alimentaires plus compliquée pour le Vison d’Europe.
  • L’Ecrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii), est porteuse saine de la peste de l’écrevisse, qu’elle transmet à l’Ecrivisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), dont les populations sont menacées. Cette espèce invasive est également une grande prédatrice des larves d’insectes et d’amphibiens.
  • Le Ragondin (Myocastor coypus) est bien connu pour les dégats qu’il engendre sur les berges des cours d’eau. La destruction de ces habitats peut avoir pour conséquence la disparition de certaines espèces sensibles utilisant ces derniers, comme par exemple le Camapagnol amphibie (Arvicola sapidus), espèce en déclin au niveau mondial. Il est également prédateur de couvée de plusieurs espèces d’oiseaux aquatique et peut occasionner des dégats aux cultures.
  • Moins connues, l’Erismature rousse (Oxyura jamaicensis) est un canard originaire du continent américain. Son arrivée en méditerranée a engendré des cas d’hybridation avec l’Erismature à tête blanche (Oxyura leucocephala), une espèce disparue en France.
  • Le Raton laveur (Procyon lotor), originaire d’Amérique chasse les oiseaux au nid ou encore les amphibiens. Il est un vecteur important de la rage et d’autres pathogènes transmissibles à la faune mais aussi à l’homme, pouvant ainsi causer des problème sanitaires.
ibis sacre

Solutions et Gestion

Pour contrôler ces phénomènes, diverses méthodes de gestion sont envisageables. Elles sont à appliquer au cas par cas selon l'espèce concernée et l’environnement dans lequel elle se développe. Parmi ces solutions on compte :

  • Le renforcement de la législation pour contrôler les introductions, les ventes et les relâchés d'animaux.
  • Le prélèvement par la chasse, la pêche électrique ou le piégeage, ou encore la stérilisation pour réguler les populations d’espèces invasives.
  • La mise en place d’une veille écologique sur le terrain, pour traiter les invasions de la manière la plus précoce possible.
  • La sensibilisation du public, qui peut être responsable de relâchés d’espèces (c’est le cas de la Tortue de Floride (Trachemys scripta) ou encore du Tamia de Sibérie (Tamias sibiricus) par exemple, dont les invasions sont la conséquence d’abondons de particulier les ayant pris pour animal de compagnie.

La prévention demeure l'approche la plus efficace et économique, car elle limitera les dégats et permettra d’adopter une stratégie de gestion le plus en amont possible de l’invasion. Le contrôle des espèces déjà installées, bien que coûteux et difficile à mettre en place, restent des actions cruciales pour limiter les impacts des populations installées.

Conclusion

La lutte contre ces espèces exotiques envahissantes animale requiert une approche intégrée. En combinant prévention, gestion et suivi des milieux tout en intégrant les connaissances locales et en engageant la société, une gestion proactive et coordonnée s'impose pour répondre à ces enjeux majeurs pour la préservation de la biodiversité.

Rédaction : Camille Pilisi

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Photo : 

Ragondin, Morbihan (Myocastor coypus) - C.Pilisi

Ibis sacré, Morbihan (Threskiornis aethiopicus) - C.Pilisi